Elle a d’abord été un échec politique.
A peine créée, son président Didier Donfut, porteur du projet, a accepté le dialogue avec les riverains mais sans jamais envisager de modifier son projet initial,
==> se contentant d’assurer aux riverains qu’ils n’auraient à subir
« Ni bruit, ni odeurs, ni fumées » .
Elle a été un échec citoyen.
Le Comité de Défense des Bruyères a présenté un projet alternatif citoyen, visant essentiellement à déplacer l’usine TMB dans le zoning Nord de Ghlin-Baudour, sur un terrain éloigné de toute habitation et permettant de transporter la fraction des déchets triée appelée « Fluff » vers les cimenteries d’Obourg par barges, procédé bien plus écologique. Cette proposition alternative avait pour but d’éviter à l’ensemble de la population de subir les nuisances qu’occasionne inéluctablement ce genre d’industrie.
Elle a été un échec démocratique.
Lorsque deux projets sont mis en concurrence (celui d’Itradec et celui du CDB), la loi impose de les faire analyser par un bureau d’études indépendant. Le bureau Gosselin & Drumel fut chargé de cette mission. A la lecture de leurs conclusions, on pouvait remarquer que les gestionnaires de l’IDEA avaient délibérément torpillé notre projet en n’attribuant pas un terrain compatible pour l’accueillir.
Pourtant, tant l’auteur de l’étude d’incidence que le CWEDD (comité wallon pour un environnement et un développement durable, chargé de conseiller le Ministre, ont signalé que « notre alternative était tout-à-fait intéressante et méritait d’être étudiée ».
Elle a été un échec technologique.
Autant le dire tout de suite, cette usine n’a jamais fonctionné correctement et aucun objectif n’a jamais été atteint, même de loin ! Juste avant qu’elle ne soit détruite par le feu, son bilan annuel de fonctionnement
(chiffres officiels de 2006) montrait que près de 80% des déchets triés finissaient ensuite en décharge. A quoi servait-il de les trier avant si c’était pour les re-mélanger ensuite dans un centre d’enfouissement technique ? Quant aux deux unités de bio-méthanisation, elles produisaient 3.200.000 Kw/h sur l’année mais 66% étaient auto-consommés pour son fonctionnement. Dix ans après sa construction, en 2012, une des deux installations n’a jamais été utilisée !
Pour terminer sur ce chapitre, il était prévu que les déchets verts sortant de l’unité de bio-méthanisation seraient transformés en compost pour être revendus aux fermiers du coin afin d’être épandu sur les champs ! Sans doute une bonne idée au départ mais qui, techniquement et légalement ne pouvait réussir. Les grands spécialistes d’Itradec auraient dû le savoir car trier mécaniquement les déchets ne permettait absolument pas d’isoler les déchets bio-méthanisables des autres de façon correcte. On ne pouvait dès lors pas parler de compost mais de digestat, rempli de plastiques divers, de morceaux de verre et de cailloux. Aucun agriculteur digne de ce nom n’aurait jamais accepté de polluer ses propres champs pour permettre à Itradec de réaliser ses inepties.
Elle a été un échec financier.
Elle devait coûter 20 millions d’euros, venant en partie de fonds européens du FEDER et de la Région Wallonne. Une dernière partie étant à la charge d’Itradec, donc de l’IDEA, donc des contribuables de la zone Itradec. Mais, à force de ne pas fonctionner, elle en a coûté le double, soit près de 40 millions d’euros !
Des échecs, un scandale !
Après l’incendie et la destruction du centre de tri, qu’il faut bien mettre sur le compte de multiples négligences (un camion qui n’avait pas à être là, pas de système de détection d’incendie, pas d’eau en suffisance pour éteindre l’incendie puisque les pompes ne fonctionnaient pas), on ne peut que parler de scandale.
C’est avant tout un scandale social et humain !
Plonger des centaines de riverains dans un enfer pestilentiel suivant la direction des vents pendant plus de dix ans, au point que ces riverains soient condamnés à vivre les fenêtres closes pour éviter la puanteur dans leur habitation. Ne plus être capable de profiter de leur jardin sans porter un masque sur le nez, ne plus pouvoir inviter des amis à partager un barbecue parce qu’ils ne connaissent pas la direction des vents, c’est un scandale à notre époque!
Napoléon 1er, le 15 octobre 1810 a promulgué un décret « obligeant d’éloigner les manufactures aux odeurs nauséabondes et incommodantes des quartiers d’habitations » !
200 ans plus tard, un homme politique, s’étant auto-proclamé « expert en environnement », a tout fait pour implanter ce type d’industrie au cœur de trois hameaux comprenant plusieurs centaines de personnes qui vivaient, jusque-là, paisiblement. Ce scandale humain a un responsable bien identifié !
C’est aussi un scandale financier !
Le plan d’investissement portait sur 20 millions. L’usine en aura coûté 40 ! Et il ne s’est trouvé personne parmi les politiques pour dénoncer ce gaspillage !
C’est enfin un scandale écologique régional !
Après avoir tant investi de deniers publics, nous n’en sommes encore nulle part dans la politique de gestion des déchets. Depuis la fin incendiaire du centre de tri, on se contente uniquement de collecter les déchets chez les particuliers, de les déverser sur une plateforme en béton durant quelques jours, voire quelques semaines, de les recharger dans des camions plus gros pour les amener au pied d’un incinérateur situé à Thumaide.
Le Comité de Défense des Bruyères est profondément affligé de voir le manque d’intérêt et le manque d’action dont font preuve les gestionnaires de l’IDEA en la matière. L’usine TMB de Havré n’a jamais fonctionné mais, entretemps, aucun travail de recherches n’a jamais été commandé pour trouver d’autres solutions, plus écologiquement responsables. Pourtant, les exemples ne manquent pas ailleurs.
Les gestionnaires de l’IDEA ont, jusqu’à présent, préféré se cacher derrière le projet ITRADEC, avec une usine qui ne pouvait pas fonctionner car nous ne croyons pas aux usines miracles qui trient les déchets. Cela ne marche nulle part. De nombreuses usines de ce type ont déjà été construites en Belgique et en France. AUCUNE ne fonctionne correctement et certaines, comme à Montpellier ont pris feu comme à Havré !
Les gestionnaires de l’IDEA ont choisi la facilité il y a 20 ans en écoutant des industriels qui leurs disaient : « Laissez vos citoyens mélanger tous leurs déchets dans une seule poubelle, nous les trierons pour eux ! »
Prendre ses responsabilités n’aurait-il pas été d’investir dans la pédagogie et l’éducation des citoyens sur le tri sélectif des déchets ? Non, lorsque le Comité de Défense des Bruyères a émis cette idée à l’époque, il s’est vu répondre que les citoyens n’étaient pas assez « responsables et volontaires » que pour trier correctement leurs déchets. Il est vrai qu’à l’époque, il était plus facile de faire confiance à une entreprise privée vendant ce type d’usines miracles que de se lancer dans un programme éducatif à grande échelle ! C’était, bien entendu, aussi l’intérêt du secteur privé que de laisser la population en dehors de sa responsabilité citoyenne…
Il faut alors se poser la question de savoir si les Allemands, qui trient correctement leurs déchets depuis longtemps sont plus intelligents que les Wallons des environs de Mons et du Centre ou si ce sont les politiciens et gestionnaires publics de cette région qui sont moins compétents que leurs homologues allemands pour conduire une politique cohérente en vue du traitement des déchets ?
Aujourd’hui, ces « responsables écologiquement irresponsables » vont continuer dans cette voie en s’associant à une entreprise privée. Le terme « entreprise privée » signifie automatiquement qu’elle générera des bénéfices pour ses actionnaires. Il n’y a que dans le secteur public que l’on peut se permettre de gaspiller 40 millions d’euros et d’être applaudi !
Alors, on prépare le terrain en employant des termes révélateurs. Le coût-vérité des déchets ! Magnifique expression mais qui heurte tous ceux qui ont vécu notre lutte contre l’implantation de l’usine miracle à Havré !
Ce n’est pas tellement le mot « coût » qui nous gêne mais plutôt le mot « vérité » venant de la bouche même de ceux qui nous ont toujours menti et qui ont triché tout au long de la procédure du choix entre le projet ITRADEC et notre projet alternatif.
Ce qu’ils ne vous diront pas et qui n’apparaîtra jamais dans les comptes, c’est que dans ce « coût vérité », il faudra comptabiliser le coût de leurs erreurs de gestion, le coût de leurs erreurs stratégiques, le surcoût de la « non pédagogie » faite auprès des citoyens, le coût des bénéfices engendrés par la société privée qui sera distribuée à ses actionnaires. Et cette part du coût-vérité, si elle est difficilement chiffrable, elle représentera pourtant une part importante de ce fameux « coût vérité ».
A noter qu’il faudra probablement aussi rembourser une partie des fonds européens reçus pour le projet ITRADEC. HYGEA étant maintenant une intercommunale mixte et les sommes reçues n’ayant plus rien à voir avec le projet initial d’ITRADEC !
Alors, nous sommes en mai 2012. Où en sommes-nous ?
Et bien, après le scandale ITRADEC se profile à présent le scandale HYGEA !
De l’aveu même du président de l’intercommunale HYGEA sur l’antenne de la RTBF en décembre dernier, dans l’émission « On n’est pas des pigeons » et plus précisément dans la rubrique des grands gaspillages publics, pour faire tourner à nouveau cette usine, il faudra investir beaucoup d’argent public pour la faire « fonctionner à nouveau » !
Et où ? Toujours au même endroit ! Parmi ces sympathiques centaines de riverains ! Le projet n’est pas encore terminé mais nous savons déjà que la collecte de l’ensemble des déchets produits dans la zone ITRADEC (soit 26 communes – 470.000 habitants) transitera là ! Nous sommes également informés qu’il y aura encore quelques cerises sur le gâteau comme une unité de broyage de déchets encombrants qui ne produira bien entendu « ni bruit, ni odeurs, ni fumées »… Les deux unités de bio-méthanisation seront remises en route car bien entendu, ce type d’installation ne saurait prendre feu ou exploser ! L’ensemble du parc des camions de collecte sera stocké là aussi ! Un pur bonheur en perspective pour les riverains !
C’est surtout un nouveau gâchis social, humain, financier et écologique en perspective.
Tout comme l’avait fait le grand menteur expert en environnement il y a 20 ans, les nouveaux gestionnaires de HYGEA s’apprêtent à présenter leur projet de développement sur le site d’Havré.
Bien entendu, le Comité de Défense des Bruyères est déjà intervenu lors de la réunion d’information qui a eu lieu en octobre dernier. Nous avons insisté sur le fait que développer des activités nuisibles au bien-être des riverains était absolument exclu pour nous et qu’il fallait, au moment où aucun denier public n’avait encore été investi sur ce site, recentrer ce pseudo « Ecopôle » dans le zoning industriel de Ghlin-Baudour.
Une fois de plus, on nous a gentiment écoutés mais sans aucune attention car les plans de l’IDEA, auteur du nouveau projet comme de l’ancien, sont scellés depuis bien longtemps.
Avant même la fin de l’enquête publique, la messe est déjà dite.
Il ne nous restera plus qu’à recommencer le même parcours juridique que pour le scandale ITRADEC, c’est-à-dire les recours devant le ministre puis, vraisemblablement déposer des recours coûteux auprès du Conseil d’Etat, avec cette fois, la ferme intention de bloquer les activités d’HYGEA tant que cette noble institution n’aura pas statué sur le fond. Pour rappel, la dernière fois, nous avons obtenu gain de cause…mais l’usine avait été construite entretemps et quelques mois après le verdict en notre faveur, elle prenait feu, détruisant entièrement le centre de tri…